Friday

SIRHA GENÈVE 2012
TROPHÉE CHEFS ET DESIGNERS

ABSTRACTION GOURMANDE
CAFÉ GOURMAND





Portrait de l'empereur Moctézuma II, XVIIème

LES LÉGENDES DU CHOCOLAT
QUETZALCOALT
LE JARDINIER DU PARADIS


La tradition rapporte que l'arbre de cacao, le cahuatl, nom primitif du cacaoyer, était l'un des plus beaux ornements du paradis terrestre situé aux environs de Tula. Non loin de cette ville le prophète Quetzalcoalt jardinier du paradis vivait heureux dans son palais où tout n'était qu'abondance luxe et beauté. C'est lui qui aurait trouvé sur les terres sacrées des fils du soleil, les graines de cacaoyer et les aurait semées au Mexique. Un jour, poussé par un génie malin, il désira l'immortalité. Un nécromencier Teczcatlipoca, envieux de son bonheur parvint à le persuader qu'un certain breuvage fait à partir des fèves de cacao, lui donnerait le don merveilleux qu'il demandait à la cour céleste. A peine la coupe fatale fût elle vide, que la raison du prophète s'égara. Le souverain s'enfuit vers le rivage et embarqua sur un radeau fait de serpents entrelacés. Avant de s' éloigner vers l'Orient il prophétisa: " Je reviendrai ici en une année du roseau et je rétablirai mon autorité. Ce sera une période d'épreuves et de malheur sur mon peuple." Quetzalcoal est transformé en Génie, mais ses disciples continuèrent de cultiver le cacaoyer par adoration.
( Texte Issu de la définition de Pierre Larousse)


Quetzalcoatl
du Codex Magliabechiano, 1566.
Florence, Bibliothéca Nazionale Centrale.


Quetzalcoal était devenu le dieu aztèque de la création du savoir et de la culture, Il était le Votan qui signifie serpent à plumes. Pour les Mayas le cacau , arbre de cacao, était le lien entre le ciel et la terre et s'associait aux rites liés à la naissance, la puberté, ou bien au mariage, en tant que symbole de force et de fortune. Utilisées en tant que monnaie, les fèves étaient précieuses pour acquérir les biens de consommation courante, ou pour payer son tribut au roi. Les guerriers et les nobles avaient l’habitude de conserver le cacao dans des boîtes en or et ils ne s’en séparaient jamais. Alors que le cacao était consommé pur par le roi, le peuple, lui se contentait de le mélanger à une bouillie de maïs l'atolle dans des récipients en écaille de tortue.



LE CULTE CHOCOLAT

Un véritable culte avait été mis en place autour de l'arbre sacré. Les graines devaient ainsi être exposées pendant quatre nuits aux rayons de la lune, tandis que les hommes devaient rester chastes. Le jour suivant, les hommes les plus forts étaient choisis pour aller voir les femmes. L'heure de la cueillette des feves donnait place à de grandes orgies. Des fêtes particulières étaient mises en place à la fin des récoltes. Gonzales Fernando Oviedo raconte en 1530 des cérémonies où des enfants oiseaux, la tête ornée de coiffures à plumes, accrochés par des cordes à un mat s'élançaient dans le vide avant de toucher le sol. De nombreuses danses et chants sont associés à ces fêtes traditionnelles dans toute l'Amérique du sud.


Diego Rivera (1920-1950) Fresque murale, palais national , Mexico.

(détail) Offrandes à l'empereur de fruits, tabac, cacao et vanille.


LA PROPHÉTIE
HERNAN CORTÉS

Au XVI ème siècle Cortés, conquistador espagnol, arrive sur les terres du roi Moctézuma II. En cette année de roseau, une comète était apparue et un séisme avait déjà secoué la ville. Un oracle avait alors annoncé l'arrivée de
Quetzalcoatl pour le 21 avril 1519.
Par un hasard extraordinaire, Cortès arriva le même jour et fut considéré par tous comme le dieu légendaire. Il se vit offrir le Xocoatl servi dans une coupe en or.

D 'abord dérouté par le goût et la texture du breuvage fortement épicéles conquérants durent s'habituer à cette boisson, ayant épuisé leurs réserves de vins. Cette boisson aux vertus revigorante dont " une tasse de ce précieux breuvage met les hommes en marche une journée entière sans prendre d'autres aliments", fut imposée à ses hommes par Hernan Cortés.

Cortès ramena de ses voyages de nombreux trésors dont les fèves du cacaoyer qu'il introduira en Espagne à partir de cette date. Fortifiantes et revigorantes les fèves de cacao connaissent un succès immédiat en Europe. Le roi Moctézuma buvait plusieurs tasses de la boisson sacrée avant d'aller honorer les femmes de son Harem. Le caractère aphrodisiaque du chocolat était apporté par les épices ( cannelle et piment) et bien qu'on n'ait remplacé ses ingrédients par de la vanille et du sucre au XVIIIème siècle, les favorites du roi croyant encore à ses vertus en abusaient pour se stimuler et améliorer les performances de leurs amants.


LA PRÉPARATION DU CHOCOLAT
BOISSON DES DIEUX

"Le chocolat est une si noble confection qu'il est , plus que le nectar ou l'ambroisie, la vraie nourriture des dieux."
Docteur Bachot, An chocolatae usis salubris, 1684.


Girolamo Benzoni, botaniste, décrit dans son Historia del mondo nuevo ( 1572) la préparation de la boisson de cacao:

" Ils font sécher les fèves au feu dans un pot en terre. Puis ils cassent entre deux pierres et les mettent en farine qu'ils versent dans les gobelets faits à partir de courges. Puis ils les détrempent peu à peu avec de l'eau et bien souvent y mettent de leur poivre long, et boivent tout cela"



le METLAPILI ou metate
Les fèves, grillées et concassées, étaient broyées à l’aide d’un rouleau de pierre ou de métal .


Cette boisson faite à partir des fèves de l'arbre sacré de cacao, était associée à un savant mélange d'épices pour en améliorer le goût amèr. Les aztèques utilisaient de la vanille, des noisettes, des pistaches, des amandes, de l'eau de fleur d'oranger et de roses, du poivre, du piment, du jus d' algave, de la cannelle, de la purée de maïs et de poudre de roucou qui lui donnait la couleur rouge du sacrifice. Le breuvage était mélangé par les versements successifs dans plusieurs récipients et battu par la suite à l'aide d'un moulinet jusqu'à ce que les graines de cacao puissent remonter à la surface pour être retirées.

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Une femme transvase la boisson dans deux chocolateros
Chocolateros, cruches pour le chocolat.

Les colons espagnols ajoutèrent du sucre de canne et adaptèrent la boisson à leur goût. Ils utilisèrent de l'eau chaude afin de mieux diluer les composants. Tout comme chez les aztèques, le chocolat était battu en le faisant mousser à l'aide d'une tige en bois, appelée moussoir et faisant partie intégrante de la chocolatière en terre ou en cuivre qui conservait la chaleur. L'eau fut ensuite remplacée par du lait. D'abord préparé à partir d'une pâte de cacao que l'on venait râper, Van Houten en 1828 facilitera la préparation du chocolat chaud avec sa célèbre poudre de cacao.


moussoirs

TRÉSOR MOCTÉZUMA
COMPOSITION DU DESSERT


- Biscuit pain de Gênes chocolat
- Crémeux chocolat
- Gelée de framboise
- Boisson Incas
- Mousse au chocolat
- Pépite de Streusel
- Glacage chocolat